Le Maroc doit cesser de harceler les militants sahraouis

Amnesty International demande aux autorités marocaines de mettre un terme aux mesures de harcèlement et d’intimidation que subissent les militants sahraouis, alors que cinq des six militants incarcérés depuis octobre 2009 entament leur 4e semaine de grève de la faim pour protester contre leur détention sans jugement. Ces grévistes de la faim comptent parmi un certain nombre de militants sahraouis qui sont soumis à des mesures de harcèlement et d’intimidation depuis qu’ils se sont rendus dans des camps de réfugiés en Algérie gérés par le Front populaire pour la libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro (Front Polisario), mouvement qui réclame l’indépendance du Sahara occidental et a constitué un gouvernement en exil autoproclamé.Plusieurs militants ont reçu des coups de matraques à l’aéroport de Laayoune mercredi 7 avril 2010 alors qu’ils regagnaient le Sahara occidental après s’être rendus dans les camps de réfugiés de Tindouf.Sept militants sahraouis, dont les six grévistes de la faim, ont été arrêtés le 8 octobre 2009 à l’aéroport Mohammed V, à Casablanca, à leur retour des camps de Tindouf en Algérie. « Nous sommes de plus en plus préoccupés par la santé de ces prisonniers, qui poursuivent leur contestation, a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. « En fait, nous les considérons comme des prisonniers d’opinion, incarcérés pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression, et nous exhortons les autorités marocaines à les libérer immédiatement et sans condition. »Cinq de ces six détenus ont entamé une grève de la faim le 18 mars pour protester contre leur détention prolongée sans jugement. Le 6e s’est joint à ses codétenus le 5 avril.Bien qu’il s’agisse de civils, un tribunal militaire a statué qu’ils seraient jugés pour atteinte à la sécurité du Maroc, et plus particulièrement à son « intégrité territoriale ». Six mois après leur arrestation, aucune date n’a encore été fixée pour leur procès.Les six grévistes de la faim – Ahmed Alansari, Brahim Dahane, Yahdih Ettarouzi, Rachid Sghir, Ali Salem Tamek et Saleh Labihi, qui s’est joint aux autres le 5 avril – sont incarcérés à la prison de Salé, près de Rabat, fort loin du Sahara occidental. Ceux qui observent une grève de la faim depuis le 18 mars seraient maintenant trop affaiblis pour quitter leur cellule et recevoir la visite de leur famille.Le 7e membre du groupe, Dakja Lashgar, la seule femme, a été libérée à titre provisoire en janvier pour raisons de santé.Le 7 avril 2010, 11 autres militants sahraouis ont été assaillis par une foule scandant des slogans en faveur de l’administration marocaine du Sahara occidental alors qu’ils arrivaient à l’aéroport de Laayoune, de retour des camps de réfugiés de Tindouf. La foule les a accusés d’être des « traîtres », parce qu’ils prônent l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, annexé par le Maroc en 1975. Certains ont reçu des coups de matraques, devant des responsables marocains de l’application des lois qui se sont abstenus de toute intervention.Le 9 mars, un autre groupe de militants sahraouis récemment rentrés d’une visite à Tindouf ont été roués de coups par des responsables marocains de l’application des lois, qui ont recouru à une force excessive pour disperser une manifestation organisée à Laayoune en faveur de l’autodétermination du Sahara occidental.Les Sahraouis sont arrivés du Sahara occidental dans les camps de réfugiés de Tindouf en 1975 et 1976, après l’annexion de ce territoire par le Maroc. Le gouvernement algérien estime à 165 000 le nombre de réfugiés accueillis dans ces camps. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) vient en aide à quelque « 90 000 personnes vulnérables dans les camps ». Un cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario est entré en vigueur en 1991.