Chaque jour, dans le monde, des personnes prennent la décision la plus difficile de leur existence : partir de chez elles dans l’espoir de trouver une vie meilleure et plus sûre.
REPÈRES
65,3 MILLIONS
de personnes ont été déplacées de force en raison d’un conflit, de persécutions ou de catastrophes naturelles.
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des pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés au monde se trouvent en Afrique subsaharienne.
Nous vivons presque tous l’expérience de quitter l’endroit où nous avons grandi, sans nécessairement aller plus loin que le village voisin ou la ville d’à côté. Certaines personnes, en revanche, doivent quitter leur pays – pour une courte période ou pour toujours.
Il existe de nombreuses raisons qui poussent des habitants des quatre coins de la planète à reconstruire leur vie dans un autre pays. Certaines personnes partent chercher un emploi ou faire des études. D’autres fuient des persécutions ou des violations des droits humains comme la torture. Des millions tentent d’échapper à des conflits armés ou à d’autres crises ou situations violentes. D’autres encore ne se sentent plus en sécurité et ont pu être la cible de violences uniquement à cause de ce qu’elles sont, de ce qu’elles font ou de ce en quoi elles croient, par exemple en raison de leur origine ethnique, leur religion, leur orientation sexuelle ou leurs opinions politiques.
Leurs périples, qui débutent toujours avec l’espoir d’un avenir meilleur, peuvent se dérouler sous le signe du danger et de la peur. Des personnes risquent d’être victimes de la traite ou d’autres formes d’exploitation. Certaines sont placées en détention par les autorités dès leur arrivée dans un nouveau pays. Lorsqu’elles s’installent enfin et commencent une nouvelle vie, de nombreuses personnes sont confrontées quotidiennement au racisme, à la xénophobie et aux discriminations.
Certaines finissent par se sentir seules et isolées parce qu’elles ont perdu les réseaux de soutien que la plupart d’entre nous prenons pour acquis : leur communauté, leurs collègues, leurs proches, leurs amis.
Sarah, six ans, est capable de nommer les capitales de presque tous les pays du monde. Elle a été photographiée sur l’île grecque de Chios, le 28 novembre 2016. Sarah et sa famille ont fui les bombardements dans sa ville natale de Homs, située dans l’ouest de la Syrie. Ils ont déclaré à Amnesty International que lorsqu’ils avaient essayé de passer la frontière entre la Syrie et la Turquie, la police turque avait tiré sur eux.
Pourquoi quitte-t-on son pays ?
Il peut être trop difficile ou trop dangereux de rester dans son pays, ce pour de multiples raisons. Des enfants, des femmes et des hommes fuient la violence, la guerre, la faim, l’extrême pauvreté ; ils peuvent aussi être amenés à partir en raison de leur genre ou de leur orientation sexuelle, ou encore pour échapper aux effets du changement climatique ou aux retombées d’une catastrophe naturelle. Bien souvent, ces difficultés se conjuguent.
Cependant, les personnes qui quittent leur pays ne sont pas toutes en danger. Certaines pensent qu’elles ont plus de chances de trouver du travail dans un autre pays parce qu’elles disposent de la formation ou du capital nécessaire pour chercher des débouchés ailleurs. D’autres souhaitent rejoindre des proches ou des amis qui vivent déjà à l’étranger. D’autres encore ont l’intention de commencer ou de terminer leurs études dans un autre pays. Il existe de nombreuses raisons qui poussent des personnes à aller construire leur vie ailleurs.
Définitions : réfugié, demandeur d’asile et migrant
Les termes « réfugié », « demandeur d’asile » et « migrant » servent à décrire des personnes en mouvement, qui ont quitté leur pays et traversé des frontières.
Les termes « migrant » et « réfugié » sont souvent utilisés l’un pour l’autre mais il est important de les distinguer car ils présentent une différence juridique.
Qu’est-ce qu’un réfugié ?
Les réfugiés sont des personnes qui ont fui leur pays car elles risquaient d’y être victimes de graves atteintes à leurs droits humains et de persécutions. Leur vie et leur sécurité étaient menacées, à tel point qu’ils avaient le sentiment de n’avoir d’autre choix que de quitter leur pays et de chercher un endroit où ils ne seraient plus en danger car leur propre État ne pouvait pas ou ne voulait pas les protéger. Les réfugiés ont droit à une protection internationale.
Qu’est-ce qu’un demandeur d’asile ?
Les demandeurs d’asile sont des personnes qui ont quitté leur pays et demandent à être protégées de persécutions et de graves atteintes aux droits humains commises dans un autre pays mais qui n’ont pas encore été reconnues légalement comme des réfugiés et attendent qu’il soit statué sur leur demande d’asile. Le droit d’asile est un droit humain, au titre duquel tout le monde devrait être autorisé à entrer dans un autre pays pour y demander l’asile.
Qu’est-ce qu’un migrant ?
Il n’existe pas de définition juridique reconnue au niveau international. À l’instar de la plupart des organismes et organisations, Amnesty International considère que les migrants sont des personnes qui vivent hors de leur pays d’origine mais ne sont ni des demandeurs d’asile ni des réfugiés.
Certains migrants quittent leur pays pour travailler, faire des études ou rejoindre des membres de leur famille, par exemple. D’autres y sont incités par la pauvreté, les troubles politiques, la violence de bandes criminelles, les catastrophes naturelles ou d’autres problèmes graves.
De nombreuses personnes, bien que ne remplissant pas les critères juridiques qui feraient d’elles des réfugiés, pourraient être en danger si elles rentraient chez elles.
Il est important de comprendre que, même si des migrants ne fuient pas de persécutions, leurs droits humains doivent malgré tout être protégés et respectés, quel que soit leur statut dans le pays où ils se sont installés. Les gouvernements sont tenus de protéger tous les migrants de la violence raciste et xénophobe, ainsi que de l’exploitation et du travail forcé. Les migrants ne devraient jamais êtredétenus ni renvoyés de force dans leur pays sans raison légitime.
Des militants d’Amnesty France affichent leur solidarité avec les réfugiés, Place de la Republique, Paris, octobre 2016.
Quelle est la position d’Amnesty International au sujet des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile ?
Nous faisons campagne pour un monde dans lequel chacun et chacune puisse jouir de ses droits humains, indépendamment de sa situation. Amnesty International défend les droits humains des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants depuis des dizaines d’années.
Nous faisons campagne pour que les États assument leur responsabilité commune de protéger les droits des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants. Nous condamnons toutes les politiques et pratiques qui portent atteinte aux droits des personnes en mouvement.
Les personnes ne sont pas en cause
On compte quelque 25,4 millions de réfugiés dans le monde. Beaucoup de personnes se sentent submergées par le nombre et considèrent que les mouvements transfrontières alimentent une crise mondiale. À Amnesty International, nous pensons qu’il ne s’agit pas d’un problème de chiffres. Ce ne sont pas les personnes qui sont en cause, mais plutôt les raisons qui poussent ces personnes et ces familles à franchir des frontières et la réaction irréaliste et à courte vue des responsables politiques.
Faire campagne pour les personnes en mouvement
Dans le cadre de nos campagnes, nous faisons pression sur les États pour qu’ils assument leur responsabilité de protéger les droits de chaque personne. Ils doivent veiller à ce que les réfugiés, les demandeurs d’asile et les migrants soient en sécurité et ne soient pas torturés, discriminés ni abandonnés à la pauvreté.
Nous faisons campagne pour que les gouvernements traitent les demandes d’asile comme il se doit afin de ne pas laisser dans l’incertitude les intéressés – qui sont parfois même enfermés dans des centres de détention – pendant des années. Nous voulons aussi que les migrants soient protégés de l’exploitation et des atteintes commises par leurs employeurs, les trafiquants et les passeurs.
Au-delà des étiquettes
Chaque être humain est fait de plusieurs identités. Les termes « réfugié », « migrant » et « demandeur d’asile » sont affectés de manière temporaire ; ils ne reflètent pas, dans toute sa complexité, l’identité d’une femme, d’un enfant ou d’un homme qui a quitté son domicile pour commencer une nouvelle vie dans un autre pays.
Lorsque nous les utilisons, nous devons nous rappeler que ce ne sont que des étiquettes : ils ne font référence qu’à une expérience en particulier, celle de quitter son pays, alors qu’il est possible de se décrire de multiples façons. Les identités de ces personnes sont bien plus riches que cela.
La plupart des personnes qui tentent de s’installer ailleurs ont le sentiment que l’expérience de la migration n’est qu’une partie d’eux. Comme nous tous, ce sont des êtres humains complexes et uniques. Ils peuvent choisir de s’identifier par leur pays ou leur région d’origine, leur appartenance à un groupe qui parle une certaine langue ou partage une culture. Ils peuvent aussi se présenter en tant qu’enseignant, médecin, artiste, passionné de football, père, sœur, fils ou mère.
La situation juridique d’un réfugié, d’un demandeur d’asile ou d’un migrant ne définit pas son identité ni sa personnalité. On ne peut pas connaître une personne en se fondant sur sa seule situation juridique.
Pourquoi les États doivent-ils accueillir des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants ?
- Nous voulons un monde où les personnes en grand danger aient la possibilité de reconstruire leur vie en toute sécurité.
- À l’heure de la mondialisation, il paraît juste que les responsabilités soient partagées lorsqu’il s’agit de questions internationales.
- Les populations d’accueil bénéficient de l’énergie débordante et de la motivation des nouveaux arrivants.
- Accueillir des personnes d’autres pays enrichit les populations d’accueil en les rendant plus diverses et plus souples dans un monde qui évolue rapidement.
- Certaines des personnalités les plus exemplaires et influentes dans les domaines des arts, des sciences, de la politique et des technologies sont d’anciens réfugiés, demandeurs d’asile ou migrants. Elles ont pu reconstruire leur vie dans un autre pays, où elles ont prospéré au sein d’une nouvelle collectivité.
Que pouvez-vous faire ?
Soutenez nos campagnes en faveur des réfugiés !
Vous pouvez rejoindre notre mouvement pour l’accueil des réfugiés. La campagne J’accueille ! d’Amnesty International appelle les États du monde entier à ouvrir leurs portes à un pourcentage équitable de réfugiés en quête de sécurité. Avec suffisamment de volonté politique, nos dirigeants peuvent protéger les personnes qui fuient les conflits et les persécutions, notamment au moyen d’une solution appelée la « réinstallation ».
Nous militons également en faveur d’autres voies sûres qui permettent aux réfugiés de recommencer leur vie, par exemple le regroupement des membres d’une famille qui avaient été séparés, le parrainage de familles réfugiées par des groupes locaux pour qu’elles s’installent dans leur pays, ou encore l’octroi de visas d’études ou de travail par des universités ou des entreprises.
Les gouvernements ne devraient jamais contraindre une personne à retourner dans un pays où elle risque d’être victime d’atteintes à ses droits humains. Les réfugiés devraient au contraire pouvoir vivre dans un endroit sûr et avoir accès à l’emploi, à l’éducation et à la santé.
Taibeh Abbasi, 19 ans, vit dans la peur constante d’être expulsée vers l’Afghanistan, un pays où elle n’a jamais vécu. Née en Iran après que sa famille a fui la guerre en Afghanistan, elle était victime de discrimination et ne pouvait pas être scolarisée. En 2012, elle s’est installée avec sa famille en Norvège, où elle a pu apprendre, se faire des amis et se stabiliser. Elle rêve de devenir médecin. Cependant, malgré les protestations de la population locale, soutenue par plus de 275 000 sympathisants d’Amnesty International dans le monde entier, les autorités norvégiennes demeurent déterminées à renvoyer de force la famille Abbasi en Afghanistan – un pays vers lequel il est dangereux d’expulser des personnes à l’heure actuelle, comme l’ont montré les recherches menées par l’organisation.
Parrainage de réfugiés par un groupe de citoyens
Si votre pays propose un programme de partenariat, vous pouvez y participer avec d’autres citoyens. Il s’agit de s’unir pour collecter des fonds qui permettront de réinstaller et d’accueillir des personnes et des familles qui ont fui leur pays d’origine.
Mohamed, de Somalie, et Yayha, du Soudan, avec Catherine. Catherine est l’une des personnes qui ont parrainé ces deux hommes afin qu’ils puissent s’installer à Toronto, au Canada. 2017.
Pour en savoir plus
Les lois relatives aux migrants, aux réfugiés et aux demandeurs d’asile
Les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile disposent de droits protégés par le droit international, quels que soient la manière dont ils arrivent dans un pays et le but de leur déplacement. Ils ont les mêmes droits que quiconque et jouissent de surcroît d’une protection particulière, en vertu des textes suivants :
- la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui dispose à son article 14 : « Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays » ;
- la Convention des Nations unies relative au statut des réfugiés (1951, et son Protocole de 1967), qui interdit de renvoyer des réfugiés dans des pays où ils risquent d’être persécutés ;
- la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (1990) ;
- les instruments juridiques régionaux relatifs aux réfugiés, y compris la Convention de l’Organisation de l’unité africaine (1969), la Déclaration de Carthagène (1984), le régime d’asile européen commun et le règlement Dublin.